NOMINATION. Le général Pascal IANNI a été confirmé à la tête du nouveau Commandement pour l’Afrique

Posté le vendredi 28 juin 2024
NOMINATION. Le général Pascal IANNI a été confirmé à la tête du nouveau Commandement pour l’Afrique

Diminution « visible » de la présence militaire française en Afrique, mise en place d’un « nouveau modèle de partenariat » pour faire monter en puissance les forces africaines, cogestion des bases avec les pays d’accueil… Telles sont les grandes lignes de la « Stratégie pour l’Afrique », dévoilée par la président Macron en février 2023.

Depuis, suite au putsch survenu à Niamey, le Niger a pris ces intentions au pied de la lettre, les forces françaises ayant été priées de plier bagage par la junte désormais au pouvoir… Ce qui fait que la France ne peut compter que sur le Tchad pour maintenir une présence militaire dans la bande sahélo-saharienne [BSS].

D’où l’importance de la base aérienne projetée [BAP] de N’Djamena, qui, rappelle le Centre d’études stratégiques aérospatiales [CESA] de l’armée de l’Air & de l’Esace dans le dernier numéro de sa revue « Carnets de vols », est le « point d’appui stratégique pour les opérations françaises en Afrique centrale et de l’ouest » ainsi qu’un « outil de combat, interarmées, versatile, à long rayon d’action » et une « base logistique autonome et capable de soutenir une montée en puissance importante et variée ».

Et le CESA d’ajouter que le « foncier autorisé par le gouvernement tchadien offre des capacités d’évolution importantes, l’accord domanial en vigueur se terminant en 2033 ». En outre, souligne-t-il, le « territoire tchadien permet le maintien de savoir-faire opérationnels spécifiques pour être prêt à intervenir à tout moment ».

Au moment des annonces de M. Macron, les forces françaises au Sahel mettaient déjà en œuvre un partenariat opérationnel avec l’armée tchadienne. Même chose pour la « cogestion » des emprises militaires, la BAP de N’Djamena étant implantée sur la base aérienne tchadienne « Sergent-chef Adji Kosseï ». Mais il s’agit d’aller plus loin, leurs effectifs devant être réduits de deux tiers, si l’on en croit les plans en cours de finalisation.

Selon plusieurs sources concordantes, excepté le cas de Djibouti, qui relève de la stratégie pour l’Indo-Pacifique, il est aussi question de ne conserver qu’une centaine de postes au Gabon [contre 350 actuellement], en Côte d’Ivoire [contre 600] et au Sénégal [contre 350]. En clair, le format des forces françaises en Afrique serait équivalent à celui d’un gros bataillon… Et cela alors que, dans le même temps, la Russie ne cesse d’étendre son influence sur le continent.

Sur ce point, lors d’une audition parlementaire, le chef d’état-major des armées [CEMA], le général Thierry Burkhard, a expliqué que la réduction de cette présence militaire en Afrique ne remettrait pas en cause la capacité à recueillir du renseignement et à « exercer une influence dans le domaine de la lutte informationnelle ». En outre, il s’agira aussi de garder la capacité à remonter rapidement en puissance en cas de besoin, d’autant plus que la France est encore liée à plusieurs pays africains par des accords de défense.

Cette réorganisation va reposer sur un « Commandement pour l’Afrique » [CDT Afrique], dont la création a été actée par un arrêté publié le 10 avril dernier.

« Le Commandement pour l’Afrique est un état-major opérationnel du niveau opératif, organisme interarmées relevant du chef d’état-major des armées. Dédié aux opérations en Afrique il est chargé, sur sa zone de responsabilité, de la préparation et de la conduite des opérations ou engagements opérationnels interarmées dans l’ensemble des milieux et des champs matériels ou immatériels. […] Il est subordonné au Centre de planification et de conduite des opérations [CPCO] en tant que contrôleur opérationnel », précise cet arrêté.

Ce CDT Afrique sera dirigé « par un officier général assisté d’un officier général commandant en second, qui le supplée en cas d’absence ou d’empêchement », poursuit-il.

Ces derniers jours, certaines sources ont indiqué que le général Pascal Ianni était pressenti pour prendre les rênes de ce nouveau commandement. Ce qui a été confirmé lors du Conseil des ministres du 26 juin.

Saint-cyrien [promotion 1992-95 « Capitaine Stéphane »] et ancien chef de corps du 2e Régiment d’Infanterie de Marine [RIMa], le général Ianni est actuellement affecté au pôle « prospective et stratégie militaire » de l’EMA.

Particulièrement au fait de la lutte informationnelle menée par la Russie contre la France en Afrique [il était porte-parole de l’EMA au moment de l’affaire de Gossi et il fait plusieurs interventions sur ce thèmes, ndlr], le général Ianni prendra ses nouvelles fonctions à compter du 1er août.

 

Laurent LAGNEAU
Opex360.com - Zone militaire
27/06/2024

 

Photo : Le général Pascal Ianni, quand il était porte-parole de l’EMA [avec les galons de colonel]

Source : Opex360.com - Zone militaire