MER ROUGE. La France et l’Italie ensemble pour « impulser » une dynamique au niveau européen pour la sécurité en mer Rouge

Posté le mercredi 17 janvier 2024
MER ROUGE. La France et l’Italie ensemble pour « impulser » une dynamique au niveau européen pour la sécurité en mer Rouge

La France et l’Italie veulent « impulser » une dynamique
au niveau européen pour la sécurité en mer Rouge

Que devient l’Initiative européenne d’intervention [IEI], lancée en juin 2018 par la France afin de favoriser la capacité des pays participants à agir ensemble tout en favorisant l’émergence d’une culture stratégique commune? Ne relevant pas de la Politique de sécurité et de défense commune [PESDC] de l’Union européenne, elle devait éventuellement permettre de répondre à des crises susceptibles de menacer la sécurité et les intérêts de l’Europe.

Au regard de la situation en mer Rouge, où le trafic commercial est menacé par des attaques lancées depuis le Yémen par les rebelles Houthis [liés à l’Iran], cette IEI aurait pu favoriser le lancement d’une opération menée conjointement par des pays européens volontaires, comme ce fut le cas à la fin de l’année 2019, avec la mission de surveillance maritime dans le détroit d’Ormuz [EMASoH, pour European Maritime Awareness in the Strait of Hormuz].

En attendant, alors qu’elle commence à s’inquiéter des conséquences économiques de la dégradation de la sécurité en mer Rouge, l’UE envisage de lancer une nouvelle opération navale, faute de pouvoir étendre le mandat de l’EUNAVFOR Atalanta, qui, sous commandement espagnol, est principalement chargée de lutter contre la piraterie maritime dans le golfe d’Aden.

« En tant qu’UE, nous travaillons intensément sur la manière dont nous pouvons renforcer la situation en mer Rouge et contribuer à une stabilisation. Nous devons en décider ensemble dans le cadre européen. Nous y travaillons d’arrache-pied », a ainsi expliqué Annalena Baerbock, la ministre allemande de la Défense, le 12 janvier.

D’ailleurs, Berlin semble être à la manoeuvre pour planifier cette opération navale européenne. Le 14 janvier, le Welt am Sonntag a d’ailleurs indiqué que la Deutsche Marine y engagerait l’une de ses trois frégates appartenant à la classe Sachsen, sous réserve d’un feu vert du Bundestag.

Cela étant, Paris et Rome ont déjà engagé des moyens en mer Rouge, avec les frégates multimissions « Languedoc » [qui a déjoué deux attaques de drones en décembre] et « Virginio Fasan » [qui devrait être bientôt rejoint par le « Federico Martinengo »]. Ces navires sont restés sous commandement national, alors que la participation de la France et de l’Italie à la coalition navale « Gardien de la prospérité », dirigée par les États-Unis, avait été annoncée.

« Il n’y a aucune subordination au partenaire américain. En revanche, on a une répartition géographique intelligente des efforts et nous partageons nos informations », a récemment expliqué le vice-amiral Emmanuel Slaars, commandant la zone maritime de l’océan Indien [ALINDIEN] et les forces françaises stationnées aux Émirats arabes unis [FFEAU].

À noter que plusieurs pays européens ont rejoint – ou sont sur le point de le faire – cette coalition sous commandement américain. C’est notamment le cas des Pays-Bas, du Danemark et de la Grèce. Évidemment, cela limite d’autant les marges de manoeuvre pour lancer une opération européenne, dont les contours restent encore à définir.

C’est dans ce contexte que, ce 16 janvier, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, et son homologue italien, Guido Crosetto, ont eu un échange téléphonique. Si leur entretien à notamment porté sur le « soutien sanitaire apporté par la France et par l’Italie aux civils blessés de Gaza » à bord des navires Dixmude et Vulcano, depuis le port égyptien d’El Arish [Égypte], les deux responsables ont aussi évoqué la situation en mer Rouge, où les Houthis poursuivent leurs attaques malgré les frappes aériennes récemment effectuées par les forces américaines et britanniques pour dégrader leurs capacités militaires.

Selon un communiqué du ministère des Armées, les deux responsables ont en effet « échangé sur la situation en mer Rouge » ainsi que sur « leur volonté d’impulser une dynamique franco-italienne au niveau européen, pour accroître et coordonner les efforts des États européens et partenaires dans la zone ». Reste à voir comment cela va se traduire…

 

Laurent LAGNEAU
Opex360.com - Zone militaire
16/01/2024

Source : www.asafrance.fr