CORONAVIRUS : La résilience, c’est pour le jour d’après

Posté le mercredi 01 avril 2020
CORONAVIRUS : La résilience, c’est pour le jour d’après

Depuis le 25 mars 2020, dans le cadre de l’épidémie de Covid 19, l’armée française mène une opération militaire sur le territoire national baptisée Résilience. Cela ne fait que conforter, dans l’esprit de nos concitoyens, l’assimilation de ce terme avec l’idée de résistance, de réaction face à l’adversité dans le moment présent. Or, il s’agit là d’une acception erronée de ce mot, car la résilience, c’est la reprise d’un nouveau développement, d’une nouvelle marche en avant, après un traumatisme.

La résilience, c’est donc pour le jour d’après, quand nous serons sortis de l’épidémie. Après des morts nombreux et, tant au niveau des certitudes de chacun que des relations entre le citoyen et l’État, des champs de ruines, il faudra reconstruire et réapprendre à vivre. Peut-être aussi notre société va-t-elle inventer une nouvelle culture ? Alors, il faut s’y préparer dès maintenant.

Pour l’heure, c’est la guerre, avec des combattants de première ligne que sont nos soignants qui déjà apparaissent comme des héros et dont certains d’entre eux, comme tous les héros, dans toutes les guerres, se sacrifient. Quant aux potentiels futurs soignés, ils les applaudissent à leurs fenêtres mais, parce qu’ils ont la peur au ventre, ils cherchent néanmoins des boucs émissaires à travers certaines autorités politiques rendues, d’ores et déjà, responsables d’un manque d’anticipation.

Mais demain, après l’épidémie, peut-être saura-t-on prendre conscience de nos excès souvent liés à notre individualisme pour aller vers, précisément, une résilience collective ? Peut-être s’interrogera-t-on sur notre désir d’accumuler sans cesse des objets souvent venus d’ailleurs, sur nos habitudes alimentaires ayant conduit à une agriculture excessive avec des élevages disproportionnés ? On y regardera peut-être à deux fois avant de sauter dans un avion pour aller passer une semaine de vacances en Thaïlande ou au Mexique ? On se posera aussi certainement la question de savoir pourquoi, alors qu’en Occident les conditions matérielles de vie n’ont jamais été aussi favorables, il n’y a jamais eu autant de dépressions et de maladies psychiatriques diverses.

La condition humaine c’est l’aspiration à l’ouverture, alors que le confinement c’est la fermeture. Celui-ci accuse les inégalités sociales et culturelles préexistantes. Il y a ceux qui, intellectuellement préparés, y résistent à travers la lecture, l’écriture, la musique, les films sur leur écran de télévision. Ceux-là échangent aussi par téléphone, méls ou SMS et l’on assiste à un réveil des liens sociaux ou des attachements familiaux. À l’inverse, il y a les personnes vulnérables, isolées, malades, les accidentés de la vie chez qui le confinement risque de réveiller la trace de leur blessure.

Pour les uns, le confinement aura été un chantier de la résilience, pour les autres une nouvelle épreuve qu’ils auront du mal à oublier. Le premier devoir de la collectivité sera de tout mettre en œuvre pour atténuer ce clivage social. D’un mal absolu essayons de faire, au moins partiellement, un bien, en imaginant une société qui, demain, pourrait être moins inégalitaire, plus fraternelle et surtout plus unie. Pour y parvenir, réfléchissons dès aujourd’hui aux voies et moyens pour déboucher sur une Nation unanimement résiliente.

 

Gilbert ROBINET
Secrétaire général de l’ASAF

Diffusé sur le site de l'ASAF : www.asafrance.fr

Source : www.asafrance.fr