ARTILLERIE. Eurosatory 2024 : La roquette antidrones, une première mondiale dévoilée par Thales

Posté le mardi 02 juillet 2024
ARTILLERIE. Eurosatory 2024 : La roquette antidrones, une première mondiale dévoilée par Thales

Une roquette spécifiquement dédiée à la lutte antidrones est apparue à l’occasion d’Eurosatory. Une première mondiale dévoilée par Thales et qui devrait susciter l’intérêt d’armées en recherche constante de nouvelles parades.

De l’artillerie sol-air à l’arme à micro-ondes, l’heure est à la recherche d’autres contre-mesures pour faire face à une menace en évolution rapide. Chez Thales, l’une des voies récemment explorées se matérialise par la tête militaire FZ123, une première mondiale annoncée fin 2023 et présentée durant Eurosatory. 

Développée et – bientôt – produite en région liégeoise par la filiale belge du groupe, l’ogive FZ123 s’associe au moteur FZ90 pour devenir une solution anti-drones de type « airburst ». Programmée en amont du tir, l’explosion interviendra non pas à l’impact mais au moment déterminé par l’opérateur. De quoi optimiser l’effet des 6500 billes d’acier emportées par l’ogive, celles-ci créant le nuage d’éclats qui disloquera le drone ou lui affligera des dommages irrémédiables. 

Le, ou plutôt les drones, car cette tête s’oriente vers la menace à venir des essaims de drones. Jusqu’à cinq roquettes peuvent être tirées simultanément pour démultiplier l’effet et générer « un mur d’acier » dimensionné pour traiter un essaim. Dotée d’une portée utile de 3000 mètres et efficace jusqu’à 2500 mètres d’altitude, elle sera plutôt intégrée sur un lanceur sol-air ou une tourelle de véhicule. Multiplateforme, elle est aussi multidomaine car peut être intégrée sur drone et sur navire.

En misant sur une solution non guidée donc dépourvue de briques complexes, Thales entend proposer « une alternative abordable » entre le canon antiaérien et le missile. Bien que proposée sur un moteur « maison », cette tête répond au standards de l’OTAN et se veut également compatible des roquettes d’origine américaine. 

La FZ123 atteint aujourd’hui un niveau de maturité TRL 6-7. Restent encore quelques phases d’essais et de tirs pour certifier le tout mais « nous sommes très aboutis », indique Thales. En choisissant la simplicité, le groupe peut non seulement maîtriser la facture, mais aussi le cycle de production. Les premiers exemplaires pourraient être livrés courant 2025. Autant d’arguments qui ont d’ores et déjà fait mouche auprès d’un client export, confirme Thales. 

De calibre 70 mm, cette tête est uniquement destinée au marché export. La France, elle, conservera le calibre « national » de 68 mm. Pour la LAD, les armées françaises pourront notamment miser sur la roquette guidée laser intégrée à terme sur les hélicoptères Tigre et Guépard et, potentiellement, sur le drone tactique Patroller. Il s’agira de réorienter un système connu pour viser, non pas des micro-drones, mais plutôt des plateformes à haute valeur ajoutée. 

« Le besoin est là. Il s’agit de pouvoir proposer de la saturation, de la salve, de la précision », indique Thales. Et par là, d’optimiser la réponse en offrant une solution intermédiaire au missile Aster abondamment utilisé en mer Rouge ou au missile air-air d’un Rafale. Proposée à la France comme solution de lutte antidrones « à horizon 2028-2030 », la roquette guidée laser sera testée dans ce sens par la Direction générale de l’armement (DGA). 

 
 
Nathan GAIN
 
Source : Forces Opérations Blog - FOB