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LU. Opération Dragoon : l’autre débarquement [1944 : la France libérée 2/4] - MinAR

Posté le dimanche 09 juin 2024
LU. Opération Dragoon : l’autre débarquement [1944 : la France libérée 2/4] - MinAR

Pour couvrir l’avancée des troupes alliées en Normandie, le commandement souhaite ouvrir un second front dans le sud de la France. Après de nombreuses discussions, la Provence est retenue pour accueillir « l’autre débarquement ». Récit de cet événement méconnu mais pourtant stratégique et symbolique pour la France.

Le 15 août 1944, l’opération Dragoon est déclenchée. Le général Patch est aux commandes. Il a sous ses ordres près de 120 000 hommes de la 7e armée américaine et les 230 000 soldats français issus de l’armée B (nom donné aux unités assignées à la libération du territoire français), commandée par le général de Lattre de Tassigny. Certains, éprouvés par les durs combats d’Afrique du Nord et en exil depuis quatre ans, retrouvent la France. D’autres la découvrent. La moitié est en effet originaire d’Afrique et des colonies, à l’image des tirailleurs sénégalais et algériens, mais aussi des goumiers et tabors marocains ainsi que des marsouins du Pacifique et des Antilles. « Leurs objectifs prioritaires : prendre Toulon et Marseille, deux villes lourdement défendues par la Wehrmacht. Leur conquête est essentielle pour les Alliés. Avec ces ports en eau profonde, ils pourront ainsi acheminer la logistique nécessaire à la poursuite des opérations de libération du territoire national », explique le lieutenant-colonel Ivan Cadeau, officier historien au Service historique de la défense. 

« Ça y est, c’est la France »

Face à eux, les soldats de la 19e armée allemande. Dans leurs abris qui parsèment le littoral, des Pyrénées à Nice, ils se savent condamnés. Depuis le 6 juin, leurs effectifs sont ponctionnés au profit du front normand. Peu après minuit, les premières bombes sont lâchées. Des milliers de soldats sont parachutés dans l’arrière-pays varois. La First Special Service Force britannique neutralise les batteries des îles d’Hyères, tandis que les commandos d’Afrique menés par le colonel Bouvet escaladent les falaises pour s’emparer du Cap Nègre. En mer, plus de 2 000 bâtiments, principalement américains et anglais, se préparent à l’offensive. À 8 heures du matin, près de 100 000 soldats alliés lancent l’assaut sur 18 plages entre Cavalaire et Saint-Raphaël. Parmi eux se trouvent les Français du Combat Command 1 (CC1) du général Sudre. Le 15 août au soir, deux têtes de pont sont assurées de part et d’autre de Fréjus.

Avec des troupes en forte supériorité numérique et appuyée par la Résistance qui prépare le Jour J depuis plusieurs semaines, l’opération est un succès. Au total, plus de 94 000 soldats et 11 000 véhicules débarquent le premier jour. Le lendemain, le gros de l’armée B pose le pied à Cavalaire-sur-Mer, entre Saint-Tropez et Le Lavandou. « Tout d’un coup, on s’est dit : “Ça y est, c’est la France” », se souvient Hubert Germain, alors officier de la Légion étrangère.

La reconquête est plus rapide que prévu. Après de rudes combats, Toulon et Marseille sont prises avec un mois d’avance sur le calendrier des opérations. Les Américains, de leur côté, avancent rapidement par la Haute-Provence vers l’Isère et la vallée du Rhône. Dans l’arrière-pays, les ponts sont détruits par la Résistance, empêchant la retraite des Allemands. Ces derniers, menacés de toutes parts et harcelés par les maquis, abandonnent l’essentiel de leurs matériels ou sont faits prisonniers. Sur le plan militaire, les combats n’ont pas connu la même ampleur qu’en Normandie, mais ils ont permis, selon le souhait du général de Gaulle, la libération rapide du Sud de la France par les Français. Le prochain objectif ? Paris. (Suite dans l’épisode 3).

 

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Ministère des Armées
08/06/2024

Source photo : Ministère des Armées

Source : Ministère des Armées