« Nous ne devons pas faiblir »: le discours d’un homme d’Etat

 

A l’image d’une glaciale journée d’hiver dans la cour d’honneur des Invalides, un constat froid et sans concession, un appel résolu au réveil et au combat et un propos sans effet de manche mais précis et efficace.

A lire: l’analyse de l’ASAF. Et à voir et entendre: la vidéo des vœux du ministre

À l’issue de la prise d’arme, Sébastien Lecornu a prononcé une longue allocution, présentant le bilan de l’année écoulée, ainsi que les priorités qui structureront l’action du ministère des Armées en 2025.

Le ministre a énuméré les grandes réalisations de 2024. Parmi celles-ci, l’arrivée des nouveaux missiles NG de la Marine et de l’AAE, la montée en puissance de l’économie de guerre avec le doublement de la production d’obus et de Mistral, la fidélisation des personnels qui a permis d’atteindre la cible d’effectifs en 2024, la livraison de 500 blindés Scorpion, 3 SNA et 27 Rafale,  la bonne intégration de 3800 nouveaux réservistes, la refonte profonde  de la journée Défense et Souveraineté, le renouvellement de l’accord de défense avec Djibouti pour 20 ans et enfin la profonde réorganisation opérationnelle de l’Armée de Terre  .

Dans un contexte de « période marquée par une activité opérationnelle intense, dans un climat de plus en plus dangereux », il a fixé le cadre de son action future: « Nous ne devons pas faiblir. Nous devons continuer de nous remettre en question et d’agir pour donner à la France les moyens d’assumer son rôle de grande puissance, de garantir notre sécurité et de défendre nos intérêts partout sur la planète ».

Car le terrorisme n’a pas disparu. Certains états franchissent les limites nucléaires, notamment l’Iran et la Corée du Nord. Ils internationalisent les transferts de technologies nucléaires et de soldats. Sans oublier la concurrence de certains Etats, « même alliés » dit le ministre sans citer les Etats-Unis, qui sont prêts à asphyxier ou démanteler  les industries de souveraineté stratégique de la France.

Aussi, à l’heure où l’absence de budget pour 2025 fait peser une menace sur le réarmement du pays, Sébastien Lecornu a affirmé être mobilisé pour donner à son ministère « les conditions dont les armées ont besoin et, à tout le moins, les moyens prévus. »

Le ministre a également appelé à la lucidité, dans le contexte trouble que nous traversons actuellement : « Aujourd’hui, nous ne pouvons plus nous mentir à nous-mêmes, et l’honnêteté intellectuelle commande que nous engagions en 2025 des ruptures puissantes pour nous donner des capacités militaires concrètes et efficaces que l’histoire décidera, ou non, de mettre à l’épreuve. »

Sébastien Lecornu a en outre insisté sur la nécessité d’oser des solutions plus innovantes et agiles, en s’inspirant de ce qui se fait ailleurs, notamment pour l’invention de nouvelles armes.

Il a cité les principaux enjeux d’aujourd’hui et de demain, à commencer par l’intelligence artificielle : « 2025 doit nous permettre un passage à l’échelle majeure, et faire de la France l’un des premiers pays leader en matière d’I.A. militaire. ». A titre d’exemple, il a aussi mentionné la généralisation impérative d’horloges atomiques à bord de tous les vecteurs et dans tous les systèmes d’information et de commandement pour parer la désynchronisation massives des serveurs de temps qui entrainerait la paralysie de tous nos systèmes.

Puis il a développé les trois axes majeurs de l’effort souverain de défense et de souveraineté pour 2025:

• protéger notre industrie nationale de défense face aux manœuvres de l’industrie et de l’administration US et face aux velléités de la Commission faite pour accompagner mais pas se substituer;
• lever les freins administratifs qui entravent l’innovation technologique;
• refondre hardiment la manière dont le ministère, les états-majors et les écoles pensent la guerre

Sébastien Lecornu a enfin salué l’engagement des Armées au service de la sécurité du pays et des Français : « Le pays avait besoin des Armées en 2024. Elles ont répondu présent, y compris par le sang versé. » Et de souligner la détermination et le courage des militaires des trois Armées dans la lutte contre les terroristes, au Proche et Moyen-Orient, comme en Afrique ou en Afghanistan.
« Personne […] ne songe à douter de nos Armées. Ce sont elles qui ont permis les grands succès de la Nation, ce sont elles qui ont protégé le pays de ses plus grands périls. »

GCA (2S) Robert Meille
Vice-président de l’ASAF

Voir le discours du Ministre à la min’33 de la vidéo ecpad ci-dessous :