Un avion de patrouille maritime Atlantique 2 a fait des « merveilles » lors de la traque d’un sous-marin russe

Un avion de patrouille maritime Atlantique 2 a fait des « merveilles » lors de la traque d’un sous-marin russe

Contrairement à la Royal Navy, la Marine nationale commente rarement les passages de navires militaires russes dans les eaux de la mer du Nord, de la Manche et de l’Atlantique-Nord. Navires qui font l’objet d’une étroite surveillance, dès lors qu’ils naviguent près des approches maritimes françaises.

Depuis la guerre en Ukraine, cette activité navale russe s’est singulièrement accentuée, ce qui a conduit la Marine nationale à renforcer ses moyens sur la façade atlantique, en redéployant à Brest une frégate multimissions [l’Auvergne, en l’occurrence] depuis Toulon.

 

« Les Russes ont perdu leur liberté de manœuvre en Mer noire, ils sont plus nombreux à faire le tour par le golfe de Gascogne. L’objectif est de leur montrer qu’on est là et que l’on protège de manière optimale nos approches », a expliqué l’amiral Jean-François Quérat, le préfet maritime pour l’Atlantique et le commandant de la zone et de l’arrondissement maritimes Atlantique, dans les pages du quotidien Le Télégramme, le 17 octobre.

Parmi ces navires russes, il n’est pas rare qu’il y ait des sous-marins. Ces derniers temps, plusieurs, appartenant notamment à la classe Kilo [donc à propulsion diesel-électrique], ont été repérés au large des côtes françaises alors qu’ils naviguaient en surface. Sans doute pour éviter un malentendu au sujet de leurs intentions et / ou éviter de se lancer dans des manœuvres pour échapper aux moyens de lutte anti-sous-marine, alors que leur mission consiste seulement à rejoindre leur base ou une nouvelle zone d’opération.

Mais cela ne se passe pas toujours ainsi, comme l’a souligné l’amiral Nicolas Vaujour, le chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM], lors d’une audition à l’Assemblée nationale, le 16 octobre.

« L’Atlantique est un lieu de compétition et, potentiellement, de frictions pour la Marine. On voit […] régulièrement des bâtiments russes passer au large de nos eaux […]. Évidemment, à chaque fois, nous déployons un bateau pour les escorter et faire en sorte de leur montrer que nous les surveillons. Ça, c’est ce qui se voit. Ce qui se voit beaucoup moins, ce sont les missions de sous-marins russes en Atlantique, que nous surveillons également. C’est ce qu’on appelle la lutte anti-sous-marine de théâtre », a expliqué l’amiral Vaujour.

« Nous faisons ça avec nos alliés, américains et britanniques, de façon à les surveiller et à mesurer leur taux d’activité », a-t-il ajouté.

Effectivement, ces derniers mois, à plusieurs reprises, la presse britannique a rapporté que des sous-marins russes avaient été « pistés » dans les approches maritimes irlandaises. En juin, le Sunday Times a ainsi révélé que l’un d’entre eux avait été traqué dans un secteur situé au large des comtés de Sligo et de Donegal, où se trouvent des câbles sous-marins et le gisement gazier de la Corrib.

Selon ce journal, des avions de patrouille maritime P-8A Poseidon de la Royal Air Force avaient pris le relai d’un Atlantique 2 de la Marine nationale, suggérant ainsi que ce dernier avait été le premier à repérer ce sous-marin russe. Est-ce à cette mission que l’amiral Vaujour a fait référence devant les députés ? Difficile à dire, étant donné que ce type de mission est confidentiel.

« Le dernier Atlantique 2, qui vient d’être qualifié, est parti en pistage d’un sous-marin russe en Atlantique. Il a fait des merveilles. Ça montre que notre préparation est au bon niveau », a en effet révélé le CEMM, sans livrer plus de détails.

Pour rappel, véritable « couteau suisse » de l’Aéronautique navale car sa mission ne se limite pas qu’à la chasse aux sous-marins et à la lutte antinavire étant donné qu’il peut collecter du renseignement, coordonner un raid aérien et même frapper des cibles terrestres, l’Atlantique 2 porté au standard 6 a été officiellement déclaré opérationnel par la Marine nationale en novembre 2022.

Cet appareil dispose désormais de nouveaux équipements [calculateur tactique, capteurs, consoles de visualisation des opérateurs, systèmes de renseignement optronique et acoustique, etc.], d’un radar à antenne active Searchmaster capable de suivre jusqu’à 1000 cibles simultanément, d’une nouvelle version du logiciel de mission LOTI [Logiciel Opérationnel de Traitement de l’Information], d’un sous-système de traitement acoustique numérique de dernière génération [STAN] et de l’interrogateur IFF TSA2542.

Laurent LAGNEAU

Source : Opex360
20/10/2024