« Le poisson pourrit par la tête » dit un proverbe chinois.

Mais pas qu’en Chine. Ce proverbe se justifie également en Europe et plus particulièrement en France. Les récents événements de la rue St Guillaume en sont malheureusement un bien triste témoignage. En effet ces jours derniers, parmi l’élite que représentent les étudiants de Sciences Po-Paris, lesquels sont destinés en principe à assumer les plus hautes fonctions de l’État, quelques-uns ont manifesté leur soutien au peuple palestinien.

Sur le fond, rien à dire, puisqu’en France chacun peut exprimer librement son opinion. Et c’est bien ainsi. Le principe fondamental de la liberté, telle qu’elle est inscrite sur les frontons des bâtiments publics et des quelque 36.000 mairies de notre pays, est ainsi respecté… en partie.

Par contre sur la forme, cette manifestation, à la limite de la violence, se révèle particulièrement choquante. En effet, les images ont montré ces étudiants de Sciences-Po Paris masqués s’en prendre à tous ceux qui n’étaient pas d’accord avec leur point de vue. Comme si eux seuls étaient libres d’exprimer leur opinion à l’exclusion de tout éventuel contradicteur !

Masqués, comme s’ils craignaient des représailles de la part d’un État qu’ils s’apprêtent à servir ! On pourrait comprendre une telle intransigeance dans une cour d’école primaire où les gamins manifestent avec un comportement conforme à la définition que leur donnait Victor Hugo dans sa formule « cet âge est sans pitié ». Mais après comment s’étonner que dans les lycées et collèges, prolifère partout en France un harcèlement sous tous les prétextes. Et souvent avec violence.

Cette jeunesse ne fait que suivre l’exemple qui vient d’en haut.

Alors à Sciences-Po Paris, où se trouve concentrée cette potentielle élite, une telle intolérance devient inadmissible par l’exemple qu’elle donne.

On pourrait donc recommander à cette élite de faire un petit pèlerinage au Panthéon où Voltaire repose depuis le 10 juillet 1791 pour avoir toujours défendu cet esprit de tolérance qui manque tant rue St Guillaume.

Quant à la liberté d’expression que ces quelques étudiants refusent si agressivement aux autres, on pourrait leur appliquer la formule de Kierkegaard : « Les gens exigent la liberté d’expression pour compenser la liberté de pensée qu’ils préfèrent éviter ».

 

Colonel (h) Christian Châtillon

Délégué National de l’ASAF