À l’heure où nous commémorons, ce mois-ci, le 107e anniversaire de la bataille de Verdun, notre pays est envahi par la morosité. Il est vrai que, depuis trois ans, il traverse sans discontinuer des difficultés de tous ordres […]. Cependant, nous devrions nous interroger sur les ressorts qui ont permis, à Verdun, à des hommes […] de tenir.
Le nécessaire retour des forces morales
« Les poitrines sont le meilleur rempart de la cité »
(Thucydide 400 ans av. J.-C.)
À l’heure où nous commémorons, ce mois-ci, le 107e anniversaire de la bataille de Verdun, notre pays est envahi par la morosité. Il est vrai que, depuis trois ans, il traverse sans discontinuer des difficultés de tous ordres : pandémie, mouvements sociaux et grèves à répétition, inflation, crise énergétique, accidents climatiques, spectre de la guerre à la frontière de l’Europe. Cependant, nous devrions nous interroger sur les ressorts qui ont permis, à Verdun, à des hommes, appartenant à toutes les classes sociales, aux niveaux scolaires et culturels les plus variés et dont les vies antérieures allaient de la plus confortable à la plus rude, de tenir.
Si, dès les premiers jours de la bataille qui en compta 301 (du 21 janvier au 18 décembre 1916), la résistance fut aussi acharnée, c’est parce que les combattants acceptèrent, quand bien-même cela aurait pu, parfois, leur paraître discutable sur le plan tactique, de tenir le terrain à tout prix (formule souvent utilisée dans les ordres du jour des chefs), sans aucune tentation de révolte et souvent dans les pires conditions. Pourquoi ? Parce que ces hommes défendaient leur territoire tout autant qu’ils obéissaient à leurs chefs. Chaque soldat défendait avec acharnement son morceau de créneau, sur parfois à peine plus d’un mètre de terrain, parce qu’il avait conscience que derrière lui se tenait le pays tout entier et, en son sein, sa mère, sa femme ou encore ses enfants. Son moteur ? La force morale ! Verdun fut avant tout le triomphe des forces morales.
La victoire de Verdun montre ce que peut faire un peuple qui ne veut pas mourir. Un nouvel exemple de ce que peut-être la force d’âme d’un peuple nous est donné aujourd’hui par les Ukrainiens. C’est précisément cette volonté que le peuple français d’aujourd’hui a perdue et qu’il doit retrouver. Depuis quatre ans, des sondages répétés montrent que les Français font preuve d’un immense pessimisme et, parmi eux, les jeunes plus encore que leurs aînés. Au sein de l’Union européenne, ils sont médaillés d’argent, seule l’Italie se montrant encore moins confiante en l’avenir.
Tout cela pourrait apparaître comme une caractéristique bien française, une forme d’individualisme bien connue, bref, un péché véniel. Sauf que, comme ne cessent de nous le répéter nos responsables politiques, « nous sommes en guerre » et, de surcroît, une autre guerre, aux frontières de l’Europe, menace notre vie intérieure. Or, la guerre est précisément la circonstance qui exige, de la part des habitants d’un pays attaqué, le sursaut moral le plus grand. Il n’y a pas d’événement supérieur à celui-ci en termes d’exigences ! De plus, ce sont précisément des jeunes qui ont constitué, le 13 novembre 2015 , l’essentiel des cibles des terroristes qui ont frappé à Paris. Ce sont donc ces jeunes qui, en priorité, doivent trouver les forces morales permettant à notre pays de rester debout.
Si néanmoins les jeunes Français ont besoin pour ce faire de références, de modèles, il leur suffit de penser à ces autres jeunes du même âge, et qui pourraient être leurs frères et sœurs (qui le sont peut-être dans certains cas) et qui combattent sur terre, sur mer et dans les airs, au Sahel, dans le Golfe arabo-persique ou en Méditerranée orientale, ou encore à tous ces soldats qu’ils croisent dans leur quotidien dans nos villes dans le cadre de l’opération Sentinelle. Ces soldats, comme leurs lointains parents de 1914 (oui, parents, car pas une seule famille française n’a pas eu au moins l’un de ses membres, proche ou lointain, mobilisé entre 1914 et 1918) n’ont pas seulement le sentiment d’avoir derrière eux des dunes de sable, des regs, des vagues soulevées par la houle ou des nuages plus ou moins menaçants, mais aussi leur maison, celle de leurs parents ou de leurs amis. En traquant les terroristes jusque dans leurs repères, c’est le territoire national français qu’ils défendent.
Pour ce qui concerne les aspects strictement militaires, qui sont ceux qui, au premier chef, intéressent l’ASAF, il faut que la France retrouve son rang de puissance et, pour cela, se réarme. Un accroissement substantiel des moyens doit s’accompagner d’une doctrine militaire adaptée à une nouvelle vision en matière de politique étrangère en direction du Moyen-Orient, de l’Afrique, mais aussi, désormais, de l’Europe où le combat de haute intensité est de retour comme l’avait prédit l’actuel chef d’état-major des Armées.
Nous devons aujourd’hui faire preuve de courage pour gagner non pas la guerre, mais les guerres, celle qui est portée sur notre sol et celle qui nous menace depuis l’Est. Cependant, la valeur de notre outil militaire dépend, en très grande partie, du moral de la Nation car d’une part, dans notre démocratie, c’est elle-même qui règle notre organisation militaire et d’autre part parce que nos soldats en émanent et que leur état d’esprit ne peut pas être très différent de celui de leurs concitoyens. Enfin, n’oublions jamais qu’en dernier ressort, et quelles que soient la quantité et la qualité des équipements militaires dont on dispose, c’est toujours avec son âme que l’on se bat.
La RÉDACTION de L’ASAF
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