Pour M. Lecornu, la hausse du budget des armées en 2025 est « acquise »
Si l’on s’en tient à la Loi de programmation militaire [LPM] 2024-30, qui n’est pas contraignante, le montant du budget de la mission « Défense » devrait être porté à 50,5 milliards d’euros en 2025 [soit + 3,3 milliards par rapport à l’exercice 2024]. Alors que les finances publiques se sont encore dégradées depuis la dissolution de l’Assemblée nationale, en juin, la question était de savoir si ce cap allait être maintenu ou non par le prochain gouvernement.
Nommé Premier ministre il y a un mois à peine, après des semaines d’incertitude, Michel Barnier a donné une indication sur ses intentions lors du discours de politique générale qu’il a prononcé devant les députés, le 1er octobre.
« […] Face à ces conflits, face à l’instabilité persistante et grave tout autour de nous, face à toutes les menaces hybrides, l’effort de défense est évidemment nécessaire et doit être poursuivi. C’est le sens de la loi de programmation militaire pour les années 2024 à 2030 que nous mettrons en œuvre. Poursuivre cet effort de défense, cette solidarité, c’est aussi exprimer la reconnaissance de la nation aux militaires, en pensant aux 26’000 hommes et femmes déployés sur tous les théâtres d’opérations », a en effet déclaré M. Barnier.
Un jour avant la nomination de M. Barnier à l’Hôtel Matignon, les sénateurs Claude Raynal et Jean-François Husson avaient évoqué les « lettres de cadrage » que leur avait transmis le gouvernement démissionnaire de Gabriel Attal. Et il apparut que celui-ci avait prévu d’augmenter le budget des armées de 3,3 milliards d’euros. Ce que son successeur a visiblement repris à son compte, même si, pour le moment, il s’est gardé de communiquer le moindre chiffre.
Quoi qu’il en soit, dans un entretien donné à l’hebdomadaire Le Point, ayant été maintenu à la tête du ministère des Armées, Sebastien Lecornu a assuré que le budget 2025 de la mission Défense « sera plus important que celui de 2024 ». Et d’insister : « C’est acquis ».
S’il n’a pas non plus donné de chiffres, M. Lecornu a néanmoins soutenu que « l’ambition de doubler en 2030 le budget de nos armées est intacte depuis 2017 ». Cependant, il a aussi admis qu’il fallait « être conscient que notre souveraineté passe aussi par la maîtrise de la dépense publique ». Et à ce titre, a-t-il poursuivi, le « ministère des Armées doit être irréprochable dans l’utilisation de l’argent du contribuable ».
Selon les dernières estimations, le déficit public devrait atteindre – 6,2 % du PIB en 2024 tandis que la dette de la France s’est encore creusée pour atteindre 3228 milliards d’euros [soit 112 % du PIB, au lieu des 60 % prévus par les régles de l’Union européenne].
À l’Assemblée, M. Barnier a fait part de sa volonté de ramener le déficit public à 5 % du PIB en 2025, ce qui suppose de trouver plus de 60 milliards d’euros de recettes et / ou d’économies. Aussi, la fiscalité pour les grandes entreprises et les plus hauts revenus [500’000 euros par an] devrait être alourdie tandis que certaines dépenses de l’État, qui restent à préciser, seront réduites.
Seulement, au regard de la physionomie de l’Assemblée, rien ne dit que le projet de loi de finances 2025 sera adopté… Et donc que la hausse du budget des armées est acquise.
Déjà, M. Barnier aura fort à faire avec le « bloc central », dont l’un des élus les plus en vue, Gérald Darmanin, a estimé que le projet de budget 2025 est « inacceptable » en l’état. « Il faut expliquer ce qu’on va
LAURENT LAGNEAU
Source: Opex360
03/10/2024