Le 4 décembre dernier, sur le plateau du Larzac, la 13e Demi-Brigade de Légion étrangère [13 DBLE], avec le soutien de la Section technique de l’armée de terre [STAT], faisait la démonstration de la capacité de sa Section renseignement robotique d’infanterie [SRRI] à mettre en œuvre un essaim de drones aériens depuis un véhicule blindé multirôle [VBMR] Griffon.

photo Commandement du combat futur (CCF)
Huit drones avaient pu voler en essaim, piloté par un seul opérateur. Ce qui permettait de surveiller, en temps réel sur les écrans , un secteur de trois kilomètres de côté et d’y détecter tout mouvement ennemi.
« Grâce à l’intelligence artificielle, l’essaim se contrôle comme un seul objet tout en étant plus efficace: une vraie plus-value opérationnelle », avait commenté le chef de la SRRI de la 13e DBLE.
Les applications militaires vont de la cartographie d’un secteur en temps réel ou de la détection des menaces au marquage de cibles, aux manœuvres de déception au brouillage des transmissions et à la destruction d’objectifs : la technologie modifie l’espace de bataille, sa profondeur et la vitesse de l’engagement.
Suivre et maîtriser les nouveautés technologiques est nécessaire, savoir les déployer en coalition est une autre affaire : la 6e Brigade légère blindée (6e BLB)l a reçu mandat du « Commandement du combat futur » pour continuer l’exploration des capacités offertes par les essaims de drones.
D’où la projection d’un détachement mixte de 160 personnels fournis par la Force d’expertise du combat Scorpion (FECS), la 6ème BLB,dont la SRRI/13 DBLE, et des opérateurs de la STAT, au National training center (NTC) de Fort Irwing dans le désert californien, où se déroule l’exercice Convergence Capstone 5 du 19 février au 22 mars.
Capstone 5 est d’abord un lieu d’expérimentation pour approfondir la réflexion sur l’emploi des forces terrestres à l’horizon 2040 et dessiner des réponses capacitaires qui permettront d’emporter la décision. Outre le maintien de liens de confiance entre alliés, l’exercice est important pour la capacité de l’armée de Terre à manœuvrer en interalliés et pour partager les leçons sur l’emploi de matériels de pointe.
L’exercice engage des unités terrestres américaines, britanniques, australiennes, canadiennes, néo-zélandaises (le « five eyes ») et française. L’objectif commun est de comparer diverses technologies de rupture en matière de robotique, de lutte antiaérienne et de transmissions.

Photo IcarusSwarm Bordeaux
Le détachement français teste des « ruches » pouvant déployer des essaims de 4 à 20 drones, fournis par l’industriel bordelais IcarusSwarms et connectés au SIC-S. Il s’agit de modéliser très vite le terrain et d’améliorer la boucle acquisition-feux. Depuis son véhicule VBMR GRIFFON VOA, l’opérateur dispose des informations de l’essaim et du radar MURIN, traitées par l’intelligence artificielle : il peut ainsi rapidement détecter, désigner et tirer sur l’objectif.
En corollaire, le détachement a la mission de comparer notre système de combat collaboratif, un domaine d’excellence de l’armée de terre, aux réalisations des alliés.
Pour l’armée de Terre, Capstone 5 qui se termine aura constitué un laboratoire de guerre qui doit ouvrir la voie à de nouveaux usages des drones pour démultiplier la puissance de combat. Il va servir à préparer les outils de la supériorité opérationnelle sur les champs de bataille à l’horizon 2040.
GCA (2S) Robert MEILLE
Vice-président de l’ASAF.