Général Bellanger : « On a constaté l’illumination radar de nos avions de chasse » au-dessus de la mer Baltique

Général Bellanger : « On a constaté l’illumination radar de nos avions de chasse » au-dessus de la mer Baltique

avion de patrouille atlantique 2En 2024, selon le commandement aérien allié [AIRCOM], les avions de combat mis à sa disposition ont effectué 400 décollages sur alerte pour identifier des aéronefs au comportement douteux. Et plus de 300 de ces sorties ont consisté à intercepter des avions militaires russes s’approchant de l’espace aérien des pays membres de l’Otan, principalement dans la région de la Baltique, où quatre Rafale de l’armée de l’Air et de l’Espace [AAE] sont déployés depuis le 28 novembre, dans le cadre de la mission Baltic Air Policing.

Ces décollages sur alerte [alpha scramble] sont généralement motivés par le fait que les aéronefs militaires russes volent avec leur transpondeur coupé et sans avoir préalablement déposé un plan de vol. En outre, il arrive souvent qu’ils refusent de communiquer avec le contrôle aérien. Cela étant, souligne l’AIRCOM, la plupart des rencontres entre les avions de l’Otan et ceux des forces aériennes russes « sont sûres et professionnelles ».

Cela tient sans doute au type des avions interceptés. Ces dernières semaines, l’AAE a ainsi fait savoir que les Rafale basés à Šiauliai [Lituanie] ont interceptés des avions russes dédiés au transport ou au renseignement [Il-20 Coot, Il-78, An-148] qui ne se conformait « pas aux réglementations aériennes internationales ».

Pour autant, il peut arriver que ces « rencontres aériennes » au-dessus de la Baltique donnent lieu à quelques tensions. C’est en effet ce qu’a affirmé le général Jérôme Bellanger, le chef d’état-major de l’armée de l’Air & de l’Espace [CEMAAE], lors d’un entretien donné au quotidien Le Figaro.

« Il y a des moments extrêmement tendus où l’objectif est de tester et d’intimider l’autre. On a constaté le comportement agressif de certains [avions de combat] Sukhoï au-dessus de la mer Baltique ou l’illumination radar de nos avions de chasse, ainsi que des drones qui pénètrent l’espace aérien et qui reviennent comme s’ils s’étaient égarés », a confié le général Bellanger.

Jusqu’à présent, l’État-major des armées n’a jamais explicitement dénoncé le comportement des Sukhoï à l’égard des avions français au-dessus de la Baltique. Cependant, dans une vidéo diffusée le 10 janvier via le réseau social X, il a suggéré que les rencontres entre les Rafale et les avions de combat russes pouvaient être « musclées » [voir à partir de 0’26].

Cela étant, quand le général Bellanger parle d’ « illumination radar », il ne précise pas si c’est le fait des avions de combat ou des systèmes de défense aérienne russes, en particulier ceux déployés à Kaliningrad.

Ainsi, en janvier, un avion de patrouille maritime Atlantique 2 de la Marine nationale a été « illuminé » par le radar de conduite de tir d’un système S400. « Le fait d’illuminer par un radar notre avion évoluant dans les eaux internationales traduit une action agressive. [Ce] n’est pas exceptionnel dans cette zone » et cela « signifie que la Russie ne reste pas passive », avait alors commenté le colonel Guillaume Vernet, le porte-parole de l’EMA. Les Russes font « savoir, de manière contenue, leur hostilité », avait-il ajouté.

Quoi qu’il en soit, a conclu le CEMAAE, les « Russes testent les défenses de l’Otan. On l’avait vu avant même l’invasion de l’Ukraine, avec des bombardiers stratégiques qui descendaient sur l’Atlantique, parfois jusqu’au Portugal, provoquant ainsi le décollage de tous les avions de permanence opérationnelle des pays européens ».

Laurent LAGNEAU

Source : Opex360
27/02/2025