Jeudi 6 mars à 17 h 24, le lanceur Ariane 6 a parfaitement placé le satellite militaire CSO3[1] sur son orbite à 800 km d’altitude depuis la base de Kourou.
L’Union européenne reprend pied dans l’espace.
Depuis la fin du partenariat spatial de l’Europe avec le russe Roscosmos et sa fusée Soyouz à la suite de l’agression russe de 2022 puis le retrait d’Ariane 5 en juillet 2023, l’Union européenne (UE) n’avait plus la capacité de lancer des satellites militaires ou institutionnels.
Le premier vol commercial réussi d’Ariane 6 change la donne. Sa valeur symbolique est forte puisqu’il garantit l’accès autonome des Européens à l’espace.
La première mission commerciale de la fusée a permis de déployer avec succès le satellite militaire français CSO-3 à une altitude de 800 km. Ce satellite va appuyer les opérations militaires françaises dans les airs, sur mer et sur terre. Il facilitera aussi le déploiement des secours ou les opérations humanitaires, comme cela aurait pu être le cas à Mayotte en décembre après le cyclone Chido.

Satellite d’observation CSO 3 photo MinArm
«Le CSO-3 nous permet de surveiller des zones que nous considérons comme sensibles ou instables. Cela signifie que nous pouvons identifier et anticiper certaines crises», a expliqué l’ingénieur général de l’armement Michel Sayegh, responsable du programme CSO.
Vers un succès commercial d’Ariane 6 ?
Ariane 6 a déjà 32 missions en prévision, dont la mise en orbite de plusieurs satellites pour la Commission européenne en 2025 : Metop-SG-A1 pour la surveillance météorologique, Sentinel-1D pour l’observation de la Terre et deux satellites de navigation Galileo, le « GPS ». Européen.
Il a également obtenu un contrat commercial avec Amazon pour le lancement de 18 satellites de la constellation Kuiper, le service Internet par satellite de cette société américaine. Pour ne pas dépendre de SpaceX, Amazon préfère le lanceur européen au lanceur Falcon 9 .
Chaque vol d’Ariane coûte environ 80 millions d’euros.

Photo ESA
Concurrence dans l’espace
Selon un observateur, «Les GAFAM cherchent à banaliser l’espace pour le transformer en une infrastructure supplémentaire pour le transport de l’information. Ils veulent aussi révolutionner le cloud computing[2] en fournissant des services sécurisés de stockage de données dans l’espace »,.
SpaceX, principal concurrent d’Ariane Espace, prépare le deuxième vol d’essai de Starship, le plus grande lanceur jamais construit, depuis la base de Boca Chica, au Texas.
Un aperçu sur CSO
CSO 3 est le troisième et dernier satellite du programme MUSIS (Multinational Space-based Imaging System) mené par la DGA(Direction générale de l’armement) et le CNES (Centre national d’études spatiales), au profit du Commandement de l’espace (CDE) de l’armée de l’Air et de l’Espace.
Les satellites CSO permettent aux armées d’obtenir des images d’une qualité sans précédent en Europe, d’avoir accès à des détails plus fins et d’identifier des cibles très petites de jour dans le visible, comme de nuit dans l’infrarouge.Très agiles, ils offrent aux état-majors plus d’images sur une même zone géographique en un seul survol. Enfin, leur grande réactivité est bien adaptatée au rythme rapide des opérations. C’est donc un bond en avant significatif dans l’appui aux opérations, au renseignement et au ciblage.
Le lancement du 6 mars achève le cycle du renouvellement des capacités spatiales militaires françaises d’observation depuis l’espace prévu par la loi de programmation militaire (LPM). Ce cycle avait débuté par le lancement de CSO-1 en 2018.
La France maintient et renforce ses capacités nationales de maîtrise de l’espace.
GCA (2S) Robert Meille
Vice-président de l’ASAF
07/03/2025
[1]CSO = Composante Spatiale Optique
[2] Cloud computing: utilisation de la mémoire et des capacités de calcul des ordinateurs et des serveurs répartis dans le monde entier et liés par un réseau