Pour Airbus, il est crucial d’obtenir de nouveaux contrats pour l’avion de transport A400M « Atlas » afin de pouvoir assurer le plan de charge de ses lignes de production, celles-ci étant susceptibles de s’arrêter en 2028. D’autant plus qu’au moins deux pays clients à l’origine de ce programme, à savoir la France et l’Espagne, envisagent de réduire le nombre d’appareils initialement commandés.
« La cible, pour l’A400M, c’est un achat de trente-cinq avions [contre cinquante initialement]. Mais il doit se vendre à l’export. […] L’avion a fait la preuve de son efficacité tactique et opérationnelle. On a toujours besoin d’aviation de transport. Je m’emploie à lui trouver des clients parce que ma mission est aussi d’être le directeur export de la Base industrielle et technologique de défense. L’export est une des réponses à la question de l’équilibre de la chaîne de production », avait ainsi expliqué Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, lors d’une audition parlementaire, en octobre dernier.
Pour le moment, pour moderniser leur aviation militaire de transport, plusieurs pays européens, comme les Pays-Bas, la République tchèque ou bien encore l’Autriche, ont préféré le C-390 « Millenium » du constructeur brésilien Embraer à l’A400M et au C-130J Hercules de Lockheed-Martin.
La Pologne serait pressentie pour les rejoindre… À moins qu’elle ne choisisse finalement l’avion produit par Airbus, comme l’a récemment affirmé Boris Pistorius, le ministre allemand de la Défense. Cela étant, la politique – restrictive – de Berlin en matière d’exportation d’équipements militaires peut expliquer en partie les difficultés de l’A400M à trouver preneur à l’étranger.
En tout cas, c’est ce qu’avait déploré – et dénoncé – Michael Schoellhorn, le PDG d’Airbus Defence & Space, en février 2023. « Plusieurs pays sont intéressés par l’A400M. Malheureusement, nous avons des difficultés à obtenir les licences d’exportation allemandes à temps », avait-il dit. Et cela alors que l’Arabie Saoudite et les Émirats arabes unis étaient régulièrement cités parmi les clients potentiels.
Depuis, l’Allemagne a assoupli sa politique. Ce qui a remis en selle un possible contrat aux Émirats arabes unis, lesquels envisageraient d’acquérir entre huit et dix A400M afin de remplacer les C-130H Hercules des forces aériennes émiriennes. C’est en effet ce qu’a confié Gerd Weber, le responsable du programme A400M au sein d’Airbus, au quotidien The National, en marge du salon de l’armement IDEX 25, qui se déroule actuellement à Abou Dhabi.
Aussi, Airbus s’attache à faire le nécessaire pour convaincre le gouvernement émirien, notamment en impliquant l’industrie locale – en particulier Strata Manufacturing et Ammroc – dans la production et le maintien en condition opérationnelle [MCO] de l’A400M.
« Nous sommes en pourparlers intensifs avec nos partenaires émiriens en vue de localiser une partie de la production aux Émirats arabes unis. Nous avons même l’intention de faire en sorte qu’une partie du système de production primaire y soit réalisée. Nous sommes prêts à le faire », a déclaré M. Weber. Mais sous réserve qu’il y ait une commande d’A400M à la clé. « Pour être très clair, nous sommes prêts à y aller […] quand le contrat [de l’A400M] sera signé », a-t-il dit.
Quant à l’Arabie saoudite, les négociations concernant l’achat de quinze à vingt A400M sont en cours, a indiqué M. Weber. Mais celles menés avec Abou Dhabi sont à un stade plus avancé.
« Le processus est très avancé aux Émirats arabes unis. Il prendra probablement plus de temps en Arabie saoudite », a confié le responsable d’Airbus. Et d’estimer qu’un contrat pourrait être signé avec le ministère émirien de la Défense d’ici la fin de cette année.
Laurent LAGNEAU
Source : Opex360
18/02/2025