Il y a un an, lors d’une audition à l’Assemblée nationale, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, avait catégoriquement écarté l’idée de livrer à Kiev des Mirage 2000. « On cherche à faire de l’utile », avait-il dit, avant de souligner les « défis terriblement compliqués » qu’auraient à relever les Ukrainiens pour assurer le Maintien en condition opérationnelle [MCO] de ces avions.
D’où le choix, à l’époque, de mettre l’accent sur l’approvisionnement en munitions, comme les missiles de croisière SCALP et les Armements Air-Sol Modulaires [AASM]. Choix qui paraissait d’autant plus justifié que l’Ukraine devait alors se concentrer sur la mise en service de chasseurs-bombardiers F-16, cédés par les Pays-Bas, le Danemark, la Norvège et la Belgique.
D’où la surprise quand, le 6 juin 2024, le président Macron fit savoir que des Mirage 2000-5 voleraient bientôt sous les couleurs ukrainiennes, rompant ainsi avec l’approche selon laquelle tout don de matériels militaires à Kiev ne devait pas dégrader « notre modèle de sécurité et de défense ».
« Nous avons toujours la même philosophie : nous aidons les Ukrainiens à résister, mais nous ne voulons pas l’escalade. Nous ne sommes pas en guerre contre la Russie. Demain, nous allons annoncer la cession de Mirage 2000-5 qui permettront à l’Ukraine de protéger son espace aérien. Nous lancerons des formations. La France bâtit une coalition avec d’autres partenaires. Le facteur important c’est le temps de formation. L’objectif est la fin de l’année, pour les avions et la formation », avait alors justifié le locataire de l’Élysée.
« Le 6 juin 2024, Emmanuel Macron avait annoncé la livraison à l’Ukraine de Mirage 2000 français. Les premiers d’entre eux sont arrivés aujourd’hui en Ukraine. Avec à leur bord les pilotes ukrainiens formés pendant plusieurs mois en France, ils participeront désormais à défendre le ciel de l’Ukraine », a affirmé le ministre.
Pour rappel, il est question de livrer un total de six Mirage 2000-5F à Kiev. Pendant que les pilotes et les mécaniciens ukrainiens suivaient une formation sur la base aérienne 133 de Nancy-Ochey, ces appareils ont été modifiés par DGA Essais en vol, à Cazaux, afin de les doter de capacités air-sol. En clair, il s’est agi de les « câbler » pour leur permettre de tirer des missiles SCALP et des AASM.
En attendant, et comme l’a expliqué le chef d’état-major de l’armée de l’Air & de l’Espace [CEMAAE], le général Jérôme Bellanger, ce don de Mirage 2000-5F va « percuter le format de l’aviation de chasse » et aura un « effet sur l’usure des Rafale qui devront voler davantage ». Aussi, la solution pour y remédier passe par une accélération de la livraison des quarante-deux Rafale F4 commandés en janvier 2024, au titre de la 5e tranche de production.
Source : Opex360
06/02/2025