Christophe Ayad : « Pour le Hezbollah, l’hostilité à Israël est radicale, fondamentale et permanente »

Christophe Ayad : « Pour le Hezbollah, l’hostilité à Israël est radicale, fondamentale et permanente »

Auteur de « Géopolitique du Hezbollah », le journaliste Christophe Ayad détaille dans ce grand entretien de l’IHEDN les ressorts du parti politico-religieux, milice armée et groupe terroriste chiite libanais, lourdement frappé ces dernières semaines par l’État hébreu.

Journaliste au Monde, dont il a dirigé le service international, Christophe Ayad est lauréat du prix Albert-Londres et auteur de plusieurs ouvrages, dont « Géopolitique de l’Égypte » (Editions Complexe, 2002) et « Géopolitique du Hezbollah », publié aux Presses universitaires de France en mars 2024. En partant de son sanctuaire libanais, l’auteur explore l’histoire et tous les ressorts de la puissance du Hezbollah (« parti de Dieu » en arabe), de ses liens étroits avec son parrain iranien à son emprise sur le pays du Cèdre en passant par son « exemplarité » pour d’autres organisations de « l’axe de résistance » iranien (Houthis yéménites, milices irakiennes, Hamas palestinien…), son ascendant sur le régime syrien, ses « tentacules mondiaux » jusqu’en Asie ou en Amérique du Sud, et ses financements en partie puisés dans des trafics, de drogue notamment. Programmé de longue date, cet entretien s’est déroulé le 18 septembre 2024, au lendemain de « l’attaque aux bipeurs » d’Israël sur de nombreux membres du Hezbollah, suivie depuis par la mort de son secrétaire général, Hassan Nasrallah, dans un bombardement à Beyrouth le 27 septembre, et par d’autres opérations militaires contre les installations du mouvement au Liban. Interrogé le 1er octobre sur ces récents développements, Christophe Ayad livre cette analyse : « En ouvrant les hostilités avec Israël le 8 octobre 2023, en solidarité avec le Hamas, le Hezbollah espérait secrètement rejouer le scénario de 2006 et attirer Israël dans le piège d’une guerre difficile au sol. Mais l’État hébreu s’est préparé pendant deux décennies à cette confrontation, notamment en infiltrant les rangs du Hezbollah et son réseau de communication, en mettant à jour son organigramme de l’organisation et en appliquant un plan systématique d’élimination très ciblé. En devenant une énorme machine politique, économique et militaire, le Hezbollah a perdu l’agilité et la sobriété qui avaient longtemps fait sa force en tant que guérilla. Trop grosse, trop lourde à manœuvrer et trop occupée à des tâches la détournant de sa vocation initiale, le combat contre Israël, l’organisation s’est perdue en devenant un « État au-dessus d’un non-État » qu’est le Liban. En perdant Hassan Nasrallah, l’axe de la résistance iranien perd son chef de fait. Car après la mort du général iranien Qassem Soleimani, tué par un drone américain à Bagdad en janvier 2020, c’est le secrétaire général du Hezbollah qui avait rempli cette fonction. Avec une direction décimée et un arsenal largement érodé, le Hezbollah risque, dans les années à venir, de se replier sur son rôle national au Liban de défenseur des chiites. »

En savoir plus sur « Géopolitique du Hezbollah » de Christophe Ayad, aux Presses universitaires de France : https://www.puf.com/geopolitique-du-h…

Source : IHEDN youtube
07/10/2024