"RÉVOLUTION SCORPION" : L'armée de Terre et l’ère des ruptures.

Posté le jeudi 05 mai 2016
"RÉVOLUTION SCORPION" : L'armée de Terre et l’ère des ruptures.

Engagée sur tous les fronts avec près de 24 000 hommes en posture opérationnelle, l’armée de Terre, qui va, dès cet été, entamer la refonte de son organisation pour se doter du format «Au Contact», se prépare aussi à la «révolution Scorpion». Au-delà de l’arrivée de nouveaux équipements, Scorpion impliquera une rupture réelle en termes de moyens, bouleversera les aspects doctrinaux, le soutien et plus globalement la manière de mener des opérations, avec l’émergence du combat collaboratif et de l’infovalorisation.

Programme d’ensemble, Scorpion a d’abord un objectif capacitaire, avec le renouvellement du segment médian, marque de fabrique de l’armée de Terre, qui a fait de la force légère, rapide, blindée et adaptée au terrain, son outil d’intervention préférentiel. Destiné à améliorer les capacités des GTIA et représentant le cœur du futur combat tactique interarmes, l’arrivée de véhicules de quatrième génération (Griffon, Jaguar, VBMR léger et Leclerc XLR) se fera par phases.

La phase 1 vise à équiper deux brigades interarmes en 2025, avec la livraison de 110 Jaguar (dès 2020, en remplacement des AMX10RC, ERC90 et VAB HOT), 780 Griffon en remplacement des VAB (dès 2018 au 3e RIMa) et 200 VBMR légers. La première tranche de production, qui débutera en 2017, comprendra 318 Griffon et 20 Jaguar. Pour le VBMR léger, dont le marché est attendu en 2017, les premières livraisons sont attendues en 2021, sachant qu’il devrait partir d’une base existante. Il servira au transport d’unités de commandement, de renseignement et pour l’échelon national d’urgence.

Dans le segment lourd, l’étape 1 verra aussi la valorisation de 200 chars Leclerc au format XLR. Pensée comme un élargissement de son champ d’action plutôt qu’une augmentation brute de performance, elle intégrera le char au GTIA (par la vétronique Scorpion, le système d’information SICS et la radio Contact…), modernisera son système d’armes (refonte des calculateurs, ajout d’un GPS, de l’interface homme-machine du Jaguar) et intégrera un système d’enregistrement de données d’utilisation. Le Leclerc sera adapté aux nouveaux besoins opérationnels, notamment le combat urbain (intégration du tourelleau 7,62 Scorpion), protégé contre les nouvelles menaces (kit antimines, IED et RPG) et disposera d’un brouilleur Barage de Thales et de munitions programmables (airburst, multimodes…).

Le second changement majeur induit par Scorpion porte sur les potentialités offertes par le partage de l’information et l’infovalorisation. Issu des travaux menés dans le cadre du programme Bulle Opérationnelle Aéroterrestre (BOA, 2005-2012), le combat collaboratif permettra aux différentes unités Scorpion, grâce au partage en temps réel des informations de leurs capteurs, de traiter les menaces de façon collaborative, par exemple en utilisant pour la riposte le véhicule le mieux placé plutôt que celui subissant une attaque. Un moyen très efficace d’augmenter la survivabilité des unités déployées, en limitant par ailleurs les possibilités de tirs fratricides.

Au cœur de ce dispositif, le nouveau Système d’information (SICS) dont l’architecture a été conçue par Bull et qui remplacera les cinq systèmes d’information en service aujourd’hui (SIR, SITEL, MAESTRO, SIT V1 et SITCOMDE). La vétronique permet d’intégrer toutes les informations des différents capteurs pour les insérer dans le système SICS (alerte, observation, ciblage, C2, navigation…) puis de les partager dans le cadre d’un travail collaboratif en boucle courte. Cette automatisation des étapes d’acquisition permet de libérer l’opérateur, souvent aux prises avec le stress du combat, le manque de temps et les difficultés propres à l’environnement de mission.

Au-delà, l’étape 2 de Scorpion doit permettre, à partir de 2023, de compléter les cibles de véhicules, de poursuivre les livraisons, et de faire évoluer les équipements Felin et le VBCI pour les intégrer à la bulle Scorpion. Une étape indispensable pour permettre à l’armée de Terre de remplir le contrat opérationnel fixé par le Livre blanc. Mais il faudra, pour que le programme aille à son terme, que les budgets suivent, car seulement un milliard d’euros ont été, pour l’instant, engagés (jusqu’en 2019) et il restera 6 milliards à sécuriser pour boucler le programme en 2033.

A l’occasion du salon Eurosatory, les industriels partis prenants au programme Scorpion (Nexter, RTD, Thales, MBDA, Safran, Bull, Metravib, ELNO…) présenteront l’ensemble de ces capacités.

 

La Rédaction

Source : TTU