LPM. Ces programmes « repriorisés » par la LPM 2024-2030

Posté le mercredi 24 avril 2024
LPM. Ces programmes « repriorisés » par la LPM 2024-2030

Si les axes d’effort de la loi de programmation militaire pour 2024-2030 sont bien documentés, il fallait attendre le projet de loi de règlement pour l’exercice 2023 pour découvrir le report sine die de plusieurs opérations, notamment dans le domaine des hélicoptères. 

Transformé en « loi relative aux résultats de la gestion et portant approbation des comptes de l’année », le projet publié cette semaine reprend d’autres résultats d’arbitrages jusqu’alors passés sous les radars. Mais pas question de parler de renoncement. Le ministère des Armées lui préfère la formule d’une « mise en cohérence avec les décisions de la LPM 2024-2030 ». « Certains jalons ont pu être réaménagés ou repriorisés, comme ALSR, C130, HUG ou HMNG, ce qui a conduit à des écarts avec les jalons initialement prévus », pointe le document. Parmi ces décisions en filigrane, deux relèvent de l’avenir d’une partie des Puma et Super Puma des armées. 

Ainsi, l’armée de l’Air et de l’Espace devra faire une croix sur une partie des hélicoptères de manoeuvre acquis pour anticiper le remplacement de ses Puma. Huit Caracal avait été acquis en 2021 dans le cadre du plan de relance aéronautique. Ils seront livrés à compter de cette année. Une autre tranche pour quatre machines supplémentaire passe quant à elle à la trappe. Inscrit dans le cadre du programme d’hélicoptère de manoeuvre nouvelle génération (HMNG), cet incrément 2 devait à l’origine se matérialiser en décembre 2022. Son lancement en réalisation est désormais déplacé au-delà de 2030. 

Même dynamique pour le programme d’hélicoptères à usage gouvernemental (HUG). Engagé en 2022, celui-ci visait à remplacer les trois Super Puma de la flotte gouvernementale. Il semble en réalité ne jamais avoir décollé. Après un premier report au lancement du programme, la commande de trois appareils neufs ne sera finalement pas réalisée. 

Côté armement, la redéfinition des priorités a pour conséquence de ne pas intégrer le missile anti-navire léger (ANL) sur le premier standard de l’hélicoptère interarmées léger (HIL) Guépard, successeur désigné des Dauphin, Écureuil, Alouette III, Panther et Gazelle. Les armées ont en effet choisi de privilégier la roquette guidée laser, portée par l’armée de Terre. Conduit par MBDA au profit de la France et du Royaume-Uni, le programme ANL sera donc « réorienté en conséquence ». 

Quant au missile haut de trame (MHT) découlant du programme MAST-F, les messages contradictoires contribuent au flou persistant concernant la poursuite du développement d’un missile potentiellement intégré sur l’hélicoptère d’attaque Tigre et sur la version française du futur drone MALE européen. D’un côté, DGA Techniques terrestres aura réalisé des prestations d’essais portant sur la qualification du missile. De l’autre, une fraction des engagements relevant du périmètre EuroMALE ne se sont pas concrétisés en raison de « l’arrêt des travaux d’intégration du MHT ». Rehaussée à 800 missiles après l’inclusion dans l’équation de l’EuroMALE, la cible du programme MAST-F disparaît en projet de loi de règlement.

L’avenir du sujet MHT reste étroitement lié à celui de la rénovation à mi-vie du Tigre, un programme réorienté pour privilégier « la pérennisation du parc tout en réduisant les ambitions d’améliorations capacitaires » en raison du retrait allemand. La suite dépendra en effet d’une décision concertée avec l’Espagne, seul partenaire subsistant. Encore mentionnée l’an dernier, la tranche ferme actée en 2022 pour la rénovation de 14 Tigre sur les 42 envisagés dans un premier temps disparaît cette fois des tableaux.

 

Nathan GAIN
Forces Opérations Blog
21/04/2024

Source : Forces Opérations Blog - FOB