LIBRE OPINION : Quelles qualités pour le successeur du Famas ?

Posté le mardi 04 novembre 2014
LIBRE OPINION : Quelles qualités pour le successeur du Famas ?

Le  Fusil d’assaut de la manufacture d’armes de Saint-Étienne (FAMAS) est entré en service en 1979, à une époque où le modèle des forces armées françaises reposait sur la conscription. Ce qui a été pris en compte dans le développement de cette arme, dans la mesure où il fallait un matériel à la fois simple et souple d’emploi.

Depuis, avec la professionnalisation, les besoins des armées en la matière ont évolué. Et le Famas également, avec la mise au point de nouvelles versions comme la G2 (destinée aux commandos Marine et aux fusiliers-marins), Famas Valorisés ou encore Famas Felin (Fantassin à équipements et liaisons intégrés). Mais, en près de 40 ans, les modifications apportées à ce fusil ont atteint leurs limites.

En outre, la maintenance des Famas devient de plus en plus problématique et coûteuse, avec des difficultés pour corriger certains problèmes techniques ou encore pour s’approvionner en pièces détachées.

D’où la nécessité de lui trouver un remplaçant, connu pour l’instant sous le nom d’«arme individuelle future» (AIF). La Loi de programmation militaire 2014-2019 prévoit d’en acquérir 90.000 exemplaires pour en équiper les 3 armées. À cette fin, un appel d’offres européen a récemment été lancé et l’on s’oriente vers un « achat sur étagère » étant donné que la France a perdu la capacité industrielle de produire des fusils d’assaut.

Maintenant, quelles qualités sont attendues pour cette « arme individuelle future »? Bien évidemment, il faudra qu’elle soit au moins aussi performante et polyvalente que le Famas. Mais l’un des problèmes est qu’elle sera commune aux trois armées, lesquelles en feront un usage différent, les fantassins, par exemple, ayant des besoins particuliers que n’ont pas les fusiliers marins.

« Au coeur de la population utilisatrice, l’infanterie n’en représente qu’une partie. Les exigences couvrent donc l’ensemble des besoins liés à l’emploi que chacun en aura », explique ainsi le lieutenant-colonel Stéphane Gouvernet, officier programme FELIN à la Section technique de l’armée de Terre, dans les colonnes de « Fantassins », le magazine de l’École d’Infanterie de Draguignan.

Et d’ajouter : « De plus, l’AIF répond partiellement au projet d’arme de défense rapprochée (ADR), concept d’arme courte, légère et peu encombrante destinée aux équipages et aux unités de soutien. Il répond donc à des exigences parfois antinomiques comme la précision indispensable au fantassin et la miniaturisation souhaitée par les combattants embarqués; tout cela sans régression par rapport au Famas ».

Toutefois, l’AIF devra « néanmoins répondre aux besoins spécifiques de l’armée de Terre », écrit le lieutenant-colonel Gouvernet. Aussi, le successeur du Famas devra faire dans la sobriété, la simplicité et la légèreté afin de pouvoir « absorber » les évolutions futures, c’est à dire intéger les différents accessoires à venir. Car autre élément à prendre à compte est sa longévité dont il aura à faire preuve, ce qui suppose aussi qu’il faudra veiller à ce que maintenance puisse être assurée sur le long terme.

Autre critère très important, l’AIF sera « évidemment acquise dans la perspective d’une félinisation rapide afin de donner prioritairement le nouveau fusil d’assaut au combattant débarqué ». Un autre élément avancé par le lieutenant-colonel Gouvernet sera sa capacité à tirer aussi bien des grenades à fusil APAV 40 que des grenades « basse vitesse de 40 mm en dotation chez nos alliés ».

« Surtout, l’AIF s’inscrit dans une doctrine propre à l’armée de terre au travers d’une trame antipersonnel. Les armes individuelles trouvent leur pertinence non pas dans la performance du tireur mais dans l’effet obtenu par la troupe sur le plan collectif. En complément des autres armes, l’AIF prendra et occupera toute sa place dans le segment de tir qui lui est dédié : les objectifs faiblement protégés jusqu’à 400 m. La non atteinte d’une des exigences précédemment citées serait de facto une lacune capacitaire pour les armées », a conclu l’officier.

 

Auteur : Laurent LAGNEAU
Source : Opex 360

 

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Source : Laurent LAGNEAU, Opex 360.