LIBRE OPINION de Laurent LAGNEAU : Les forces américaines ont du mal à se remettre des coupes budgétaires de ces dernières années.

Posté le samedi 11 février 2017
LIBRE OPINION de Laurent LAGNEAU : Les forces américaines ont du mal à se remettre des coupes budgétaires de ces dernières années.

En 2011, afin de réduire le déficit fédéral des États-Unis, le Congrès adopta le Budget Contral Act (BCA) qui prévoyait un mécanisme de coupes budgétaires automatiques dans les dépenses dites « discrétionnaires », dont celles du Pentagone.

À ce « séquestre budgétaire » s’est ajouté, en 2013, le « shutdown », c’est à dire la paralysie des administrations fédérales faute d’accord sur le budget et le plafond de la dette entre les élus démocrates et républicains.

Et, évidemment, cela n’a pas été sans conséquences sur les crédits alloués aux forces américaines qui, contraintes de jongler avec les gels et les annulations de crédits, ont dû revoir leurs priorités tout en ayant à financer des programmes d’équipements coûteux et à maintenir leurs engagements opérationnels. En outre, leurs marges de manœuvre ont été parfois rognées par les élus eux-mêmes, soucieux d’éviter des dissolutions d’unités dans leurs États d’origine.

Aussi, le tableau qu’ont dressé les principaux responsables militaires américains, lors d’auditions devant le comité des Forces armées de la Chambre des représentants, n’est pas très brillant. Et le sentiment que l’on en retire est que l’armée américaine est une sorte de colosse aux pieds d’argile

 

Ainsi, le général Stephen Wilson a décrit l’US Air Force, dont il est numéro deux, comme étant « la plus petite, la plus ancienne et la moins opérationnelle de notre histoire », en citant le volume des effectifs (311 000 militaires), l’âge moyen des équipements (le dernier appareil entré en service opérationnel étant le F-22 Raptor, en 2005), le nombre d’appareils en ligne (5 500 contre 8 600 en 1991) et le taux de disponibilité des avions.
En outre, il a souligné le manque d’entraînement des pilotes de combat, qui « font en moyenne 10 sorties et 14 heures de vol par mois ». Or, « c’est trop peu », a-t-il dit. Aussi, « moins de 50% des escadrons de chasse de l’US Air Force sont suffisamment prêts pour aller au combat, ce qui crée un risque inacceptable pour nos aviateurs, nos partenaires et notre nation », a ajouté le général Wilson.

L’aviation du Corps des Marines fait face au même problème. « Nous ne disposons tout simplement pas assez d’appareils disponibles pour répondre aux exigences de nos escadrons. Cela signifie que les moyennes d’heures de vol mensuelles par équipage sont en dessous des normes minimales requises pour atteinte et maintenir les niveaux de formation et de préparation », a déploré le général Gleen Walters, le commandant en second de l’USMC.

Le problème de l’aptitude au combat a été souligné par les homologues de ce dernier. Numéro deux de l’US Army, le général Daniel Allyn, a indiqué que seulement un tiers des brigades de combat et 25% des brigades d’aviation (hélicoptères) étaient considérées prêtes à « à combattre ce soir ».

L’US Navy est aussi confrontée à d’importants problèmes, liés à la maintenance (et donc à la disponibilité) de ses navires et de ses avions, ce qui joue sur sa préparation opérationnelle, la formation de ses équipages et sa capacité à répondre aux demandes adressées par les commandements régionaux.
Par exemple, son numéro deux, l’amiral Bill Moran a indiqué que le potentiel des avions de combat F-18 Hornet va être largement dépassé. Alors qu’ils devaient voler 6.000 heures, « nous sommes en train de les pousser vers les 8-9.000 heures » de vol, a-t-il dit. « Dans une journée typique de la marine, autour de 25 à 30% de nos avions sont en révision ou en maintenance », a-t-il ajouté. Et ce n’est là qu’une moyenne. Récemment, Defense News a révélé que 53% des appareils de la marine américaine (chasseurs, avions de patrouille et hélicoptères) n’étaient pas en mesure de voler.
Autre point sensible : celui de l’état des bases. « Nous avons un retard de plus de 9 milliards de dollars de dépense d’entretien de nos infrastructures », a en effet regretté le général Walters.

Bien sûr, ces responsables américains ne sont pas contre une hausse de leurs ressources financières, comme l’a promis le président Trump, qui parle d’une « grande reconstruction des forces armées des Etats-Unis ». Mais ils voudraient aussi que les élus ne viennent pas leur compliquer la tâche quand il est question de réaliser des économies. « Nous pensons que nous avons 25% de capacités excédentaires dans nos bases », a ainsi avancé le général Wilson. Or, pour les fermer, encore faut-il que les sénateurs ou les représentants ne s’y opposent pas…

 

Laurent LAGNEAU


 

Source : Opex 360