La DRM multiplie ses capacités de renseignement d'origine image - LIBRE OPINION de Laurent LAGNEAU.

Posté le lundi 20 juin 2016
La DRM multiplie ses capacités de renseignement d'origine image - LIBRE OPINION de Laurent LAGNEAU.

Le Centre de formation et d’interprétation interarmées de l’imagerie (CFIII), installé sur la base aérienne de Creil, dépend de la Direction du renseignement militaire (DRM). C’est à cette unité que revient, comme son nom l’indique, d’analyser les images reçues via l’ensemble des capteurs mis en œuvre par les forces armées.

Pour s’acquitter de cette tâche, le CFIII utilise des ordinateurs très puissants ainsi que des logiciels d’analyse, comme le SAIM (Système d’aide à l’interprétation multicapteur). Sa mission consiste en premier lieu à fournir tout renseignement utile à la conduite des opérations, à assurer une veille stragégique permanente et, ainsi, à informer les autorités politiques et militaires. Les images reçues par le CFIII viennent de plusieurs capteurs : satellites Helios IIA et IIB ainsi que ceux de la « constellation » Pléiades, drones MALE (Moyenne Altitude Longue Endurance), nacelles RECO NG, capteurs « image » embarqués, radar, etc. Lors d’entretien donné au Journal du Dimanche, le patron de la DRM, le général Christophe Gomart, a précisé que ses services reçoivent, en moyenne, jusqu’à « 150 images par jour ». Mais ce flux est appelé à s’accroître significativement dans les 4 ans à venir, notamment grâce à de nouveaux systèmes (comme les futurs satellites MUSIS, pour Multinational Space-Based, Imaging System) et à des capteurs supplémentaires, en particulier dans le domaine de drones.

Comme les effectifs de la DRM resteront limités (ils doivent quand même être augmentés de 400 personnels grâce à la Loi de programmation militaire actualisée), il faudra donc trouver des solutions pour analyser cette masse d’informations. « Nous estimons que, d’ici à 2020, l’afflux d’images en notre possession sera multiplié de six à dix fois. C’est la raison pour laquelle nous souhaitons accélérer et renforcer notre coopération avec les industriels et les start-up de ce secteur de pointe pour mieux centraliser et trier le flux exponentiel des renseignements obtenus », a ainsi expliqué le général Gomart. Et cela passe par la mise au point de logiciels innovants et toujours plus performants pour traiter rapidement les renseignements collectés. L’une de ces innovations porte sur le géoréférencement, qui consiste à superposer sur une carte géographique touts les renseignements d’origine image, électromagnétiques et humains obtenus sur le terrain. En clair, il s’agit de fusionner les données afin, par exemple, de voir s’il y a ou non des récurrences. « Avec notre système, nous avons accès, à partir d’une photo ou d’un flux d’images, à la localisation d’un QG, d’un dispositif ennemi et de toutes les informations militaires concernant ces  cibles potentielles. Le tout, réactualisé en permanence, permet également de comparer des informations anciennes avec des renseignements récents. Ce qui facilite le traçage des mouvements ennemis et donc d’anticiper leurs actions », a expliqué le général Gomart.

Cette technologie sera d’ailleurs largement évoquée à l’occasion de la première convention nationale du renseignement d’origine image et géospatial (GEOINT 2016) organisée à Creil par le Cercle de l’Arbalète, les 21 et 22 juin. Cette initiative vise justement à renforcer les liens entre le monde du renseignement et l’industrie française.

 

Laurent LAGNEAU 

Source : Zone militaire