MINISTRE DE LA DÉFENSE : Interrogations sur les visées "gestionnaires" de Florence PARLY.

Posté le lundi 26 juin 2017
MINISTRE DE LA DÉFENSE : Interrogations sur les visées "gestionnaires" de Florence PARLY.

L'exécutif a balayé jeudi les réserves et interrogations suscitées, particulièrement dans la communauté militaire, par la nomination de Florence Parly aux Armées, soulignant qu'elle agirait en "femme de gestion" dans un ministère promis à un budget égal à 2% du PIB à l'horizon 2025.

La prise de fonctions de cette "techno" de gauche révélée par Lionel Jospin, inconnue des milieux de la Défense, intrigue, pour user d'un vocabulaire diplomatique, dans les rangs de militaires déjà échaudés par le passage-éclair de l'ex-eurodéputée Sylvie Goulard, qui a préféré démissionner mardi face à l'enquête visant son parti, le MoDem.

Emmanuel Macron a promis d'atteindre l'objectif des 2% du PIB pour la Défense en 2025 (un budget de plus de 50 milliards d'euros, hors pensions et surcoûts des opérations extérieures), mais les plus sceptiques redoutent un report de l'effort en fin de période, alors que les militaires ne cessent de souligner l'urgence d'une hausse des financements. En 2017, le budget du ministère est de 32,4 milliards d'euros.

Pour le député (Les Républicains) François Cornut-Gentille, fin connaisseur des problématiques financières de la Défense, « c'est Bercy qui pilote désormais le ministère de la Défense ».

Florence Parly, administratrice civile spécialiste des questions budgétaires mais n'ayant pas de connaissance spécifique des questions militaires, avait été nommée à 37 ans secrétaire d'Etat au Budget par Lionel Jospin (janvier 2000-mai 2002). Elle occupait depuis 2006 des postes de direction à Air France, puis à la SNCF.

"Si vous voulez un signe sur la qualité d'une femme, il faut faire confiance à Lionel Jospin pour l'avoir identifiée dès ce moment-là", a plaidé jeudi Christophe Castaner, le porte-parole du gouvernement lors du compte rendu du conseil des ministres.

"On a aujourd'hui une femme de gestion, qui a fait ses preuves", a-t-il souligné face aux questions des journalistes.

Ministre ou manager?  

« Elle a eu une carrière qui montre sa capacité à 'manager', à transformer et justement pour lutter contre le terrorisme - avec cette perspective de créer un nouveau corps d'armée qui soit dédié au renseignement - avoir quelqu'un avec l'expérience et cette qualité-là est une force », a dit Christophe Castaner.

Des références à la culture d'entreprise suffisamment appuyées pour conforter le scénario, pressenti dès l'accession d'Emmanuel Macron à la présidence, d'une prééminence retrouvée de l'Elysée - et du Quai d'Orsay sous la gouverne de Jean-Yves Le Drian, ancien ministre de la Défense - sur les opérations extérieures, la lutte anti-terroriste ou les ventes d'armements.

« Si vous pensez qu'il faut être militaire et seulement militaire pour s'occuper de l'armée, je vais vous faire une confidence : il y a plusieurs corps d'armée, et quand vous en choisissez un, vous fragilisez votre relation avec les autres », a dit par ailleurs le porte-parole du gouvernement.

Florence Parly devra mener à bien la revue stratégique et la loi de programmation militaire 2019-2025, que la commission de Défense du Sénat presse d'anticiper, et la mise en œuvre du « service national universel et obligatoire », dont le coût est estimé à 30 milliards d'euros sur cinq ans.

Dans l'attente d'un audit de la Cour des comptes début juillet sur les finances françaises, qui risque de mettre au jour une trajectoire tendant vers un déficit supérieur à la cible de 2,8% du PIB, la ministre doit marquer sa volonté de ne pas éroder le budget Défense, qui fut trop souvent une variable d'ajustement, dit-on de source militaire.

Le 13 juin dernier, l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin, dont le nom a circulé pour succéder à Sylvie Goulard, avait mis en garde : « La Défense est toujours la cible silencieuse dès qu'il s'agit d'arbitrages ».

Sophie LOUET avec Elizabeth PINEAU
édité par Yves CLARISSE

 

Avis du président de l’ASAF :

  • 1- Fixer à 2% en 2025, la part du PIB consacrée à la Défense quand le terme du mandat pour lequel on est élu est en 2022 relève d’une forme de tromperie.
    En effet, les Français doivent connaître quel effort de Défense se fixe monsieur Macron au terme de son quinquennat en 2022 pour redonner aux armées les moyens de leurs missions.

Le président de l’ASAF s’interroge sur la compétence du porte-parole du gouvernement en matière de défense quand il dit:
« Si vous pensez qu'il faut être militaire et seulement militaire pour s'occuper de l'armée, je vais vous faire une confidence : il y a plusieurs corps d'armée, et quand vous en choisissez un, vous fragilisez votre relation avec les autres ».

« Être seulement militaire »
Les énarques civils seraient-ils plus au fait des questions militaires et de Défense qu’un chef d’état-major des armées ???
« il y a plusieurs corps d’armée » : Non monsieur Castaner, il n’y a pas de « corps d’armée » dans nos armées.
Sans doute pensiez-vous aux 3 armées (Terre, Air et Marine) ? Mais savez-vous que le chef d’état major des armées est choisi dans l’une de ces 3 armées, qu’il conduit les opérations qui sont toujours interarmées et que cela fonctionne très bien, puisque monsieur Macron, comme ses prédécesseurs Sarkozy et Hollande pour ne citer qu’eux, loue les succès militaires obtenus par nos armées.

Bref, toujours la même suffisance voire arrogance de certains politiciens… c’est naturellement à la fois stupide et inacceptable.



Henri PINARD LEGRY
Président ASAF

Source : fr.reuters.com