Les caractéristiques opérations aériennes actuelles : LIBRE OPINION de Général d’armée aérienne André LANATA Chef d’état-major de l’armée de l’Air devant les députés de la Commission de la Défense nationale (extrait d’audition du 19 juillet)

Posté le vendredi 11 août 2017
Les caractéristiques opérations aériennes actuelles : LIBRE OPINION de Général d’armée aérienne André LANATA Chef d’état-major de l’armée de l’Air devant les députés de la Commission de la Défense nationale (extrait d’audition du 19 juillet)

Mon regard sur les opérations actuelles me conduit à plusieurs constats.

D’abord, les opérations se durcissent. Les combats sont violents, l’intensité est élevée, nous essuyons des pertes – treize aviateurs sont morts au combat ou à l’entraînement depuis 2014 – et nous déplorons régulièrement des blessés. L’environnement civil n’est pas épargné, comme nous le constatons à Mossoul.

Ensuite, nos opérations s’installent dans la durée. Voilà bientôt cinq ans que nous sommes engagés au Sahel, et plus de trois ans au Levant. Il faut durer et, pour cela, il faut des moyens suffisants, car les hommes et les machines s’usent, les stocks diminuent, l’entraînement prend du retard et notre dispositif s’affaiblit.

Les distances à quadriller sont à l’échelle d’un continent : ainsi, chaque mission au Sahel équivaut à un vol Paris-Moscou aller-retour. Pour couvrir de telles superficies, il faut des moyens de transport, de surveillance et d’intervention en nombre suffisant.

Je constate aussi un fort besoin de permanence de nos actions aériennes, afin de pouvoir traquer l’ennemi et contraindre ses modes d’action. Les drones de surveillance de longue endurance, les avions de ravitaillement en vol, mais aussi un nombre suffisant d’avions de combat, permettent d’y arriver. Tout ceci soulève aussi la question du volume de nos forces – je parle ici de formats, un terme que vous allez souvent entendre dans les mois à venir.

J’observe également une grande diversité dans les missions. Aujourd’hui, tout l’éventail des missions aériennes est sollicité simultanément – défense aérienne, frappes, reconnaissance, appui, dissuasion. C’est pourquoi il faut conserver un modèle d’armée complet et une armée de l’air capable d’agir sur l’ensemble du spectre des missions aériennes, comme nos besoins actuels le démontrent.

Nos moyens sont dispersés sur plusieurs opérations simultanées et sur plusieurs points d’appui au sein de ces théâtres. Il en résulte une pression supérieure sur nos capacités, notamment en termes de ressources humaines et de moyens logistiques.

Enfin, nos opérations sont plus intenses : un avion de chasse engagé au Levant consomme quatre fois le potentiel du même avion réalisant son activité aérienne en métropole. Durant l’année 2016, nous y avons délivré plus de 1 000 bombes et missiles, soit vingt fois plus qu’au Sahel. Ces chiffres sont considérables.

Durcissement, durée, distance, diversité, dispersion, intensité, persistance : ce sont les mots-clés que j’associe aux opérations en cours. Rien ne me permet de penser que ces caractéristiques vont évoluer à court et moyen terme : il faut donc nous y adapter.

 

Général d’armée aérienne André LANATA
Chef d’état-major de l’armée de l’Air
(Extrait d’audition du 19 juillet 2017
devant les députés de la Commission de la Défense nationale)

Source : Général d’armée aérienne André LANATA Chef d’état-major de l’armée de l’Air (Extrait d’audition du 19 juillet 2017 devant les députés de la Commission de la Défense nationale