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DEMISSION : Le Général De VILLIERS refuse de se coucher devant MACRON

Posté le mercredi 19 juillet 2017
DEMISSION : Le Général De VILLIERS refuse de se coucher devant MACRON

Voilà. La crise éclate et tombent les masques après l’esthétique leurre de la cérémonie du 14-Juillet. Le chef d’état-major des Armées, général de Villiers en tout honneur et toute logique, vient de présenter sa démission au président de la République. D’ailleurs, le Général Vincent Desportes le dit sans mâcher ses mots : nous sommes en présence d’une crise constitutionnelle sans précédent dont il convient de mesurer la portée.

Qu’est-ce qui a provoqué cette rupture entre le chef des Armées et le Chef de l’Etat ?

La dénonciation d’une coupe budgétaire de 800 millions d’euros dans le budget des armées, coupe ou plutôt purge incompréhensible quand à l’intérieur, l’état d’urgence est maintenu, et qu’à l’étranger la France maintient ses opérations tous azimuts. 1 milliard d’euros par an, tel est le coût des opérations militaires de l’armée française dans les opérations extérieures.

Peut-on reprocher au chef d’état-major d’avoir failli aux vœux de silence auxquels la Grande Muette est astreinte ? Pierre de Villiers n’a pas trahi le devoir de réserve auquel doit se tenir l’armée puisque ses déclarations ont été faites devant la commission de la défense de l’Assemblée Nationale et que  ses propos seraient restés dans ce cadre légitime si des députés ne les avaient fuités auprès de la presse.

Pour le Général Soubelet, Pierre de Villiers s’exprime comme un chef doit s’exprimer. Et il n’est pas le seul ce matin à lui  apporter son soutien. Il est rejoint, entre autres, par Gérard Longuet, ancien ministre de la défense et des Anciens combattants, des élus  y compris dans le rang des députés d’En Marche.

Mais pour le président de la République, cette attitude est insupportable. Je suis votre chef, déclare-t-il, n’hésitant pas à recadrer le général d’une manière que l’on peut qualifier d’humiliante.

Il y avait, en effet, quelque chose d’indécent à voir cet homme jeune, débutant dans la fonction présidentielle, recadrer ce vénérable militaire. Pour ce motif-là seul, Emmanuel Macron aurait dû procéder dans le cadre d’un entretien privé.

Il y avait quelque chose d’inégal dans la réplique du président Macron, qui, elle, a été faite en public au ministère des Armées devant la présence officielle de la presse, comme pour rétablir un ordre hiérarchique que de Villiers aurait renversé.

Il y avait de l’arrogance déplacée dans cette admonestation publique.

Pierre de Villiers n’avait d’autre choix que de se rendre à Canossa ou présenter sa démission. Plutôt que d’attendre l’entrevue qui devait avoir lieu en fin de semaine, le général coupe l’herbe sous le pied du président et choisit la seconde option. On comprend son choix et cela n’augure rien de bon pour son successeur qui doit d’ores et déjà se le tenir pour dit : on doit être d’accord avec le chef, et le chef, c’est le président.

Faut-il réduire cette crise à un conflit d’ego ? Non. En tout cas si réaction narcissique il y a, elle n’est pas du côté du général.

Mais cela va au-delà.

C’est le parti pris de la cohérence face à la confusion.

C’est le parti pris de la loyauté, à l’armée et à la France, face à l’inconséquence.

C’est peut-être aussi  le révélateur d’une rupture plus profonde que narcissique, budgétaire ou politique, le signe de deux France qui s’éloignent irrémédiablement l’une de l’autre.

Florence Labbé

Source : Riposte laïque