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Lettre ASAF 13/07 - « Ne pas subir » Le 14 juillet


Nul ne doute que les Français acclameront leur armée le 14 juillet avec une intensité particulière. N’en déplaise à quelques idéologues nourris de longue date au lait de l’antimilitarisme, nos compatriotes remercieront les soldats, marins et aviateurs pour la fierté et l’espoir qu’ils leur donnent en ces temps d’incertitude et de doute. Ils leur diront aussi qu’ils comptent sur eux dans les crises graves que notre pays ne manquera pas de traverser dans les années à venir. Quel citoyen lucide ne le pressent pas ?

Lettre ASAF 13/07 - « Ne pas subir » Le 14 juillet

« Ne pas subir » Le 14 juillet

Nul ne doute que les Français acclameront leur armée le 14 juillet avec une intensité particulière.
N’en déplaise à quelques idéologues nourris de longue date au lait de l’antimilitarisme, nos compatriotes remercieront les soldats, marins et aviateurs pour la fierté et l’espoir qu’ils leur donnent en ces temps d’incertitude et de doute. Ils leur diront aussi qu’ils comptent sur eux dans les crises graves que notre pays ne manquera pas de traverser dans les années à venir. Quel citoyen lucide ne le pressent pas ?

Incompréhension et méfiance des militaires

Mais leurs applaudissements ne supprimeront pas la méfiance profonde qui s’installe dans l’esprit des militaires envers une classe politique qu’ils estiment trop peu courageuse et trop peu soucieuse de l’intérêt supérieur du pays.
Les cadres, mais aussi les soldats n’acceptent plus que l’institution qu’ils servent pour assurer le premier devoir de l’Etat - la Défense - supporte seule depuis 30 ans l’essentiel des efforts d’économie et de réduction d’effectifs dans notre pays. 
De retour d’Afghanistan, de Libye et du Mali, ils s’expriment rarement dans les grands médias télévisuels, sans doute pour ne pas faire d’ombre aux politiques et ne croient plus aux promesses qui leur sont faites, d’autant qu’ils constatent au quotidien la paupérisation de l’armée. 
Pourtant, ces militaires, dont on réduit chaque année les effectifs et les moyens donnent, dans l’exécution des missions qui leurs sont confiées, une leçon de loyauté et d’efficacité à nombre d’institutions et d’organismes publics ou privés.
Dans ces conditions, comment des soldats qui paient leur engagement au prix du sang pourront-ils, longtemps encore, avoir confiance dans la classe politique.

Tous les hauts responsables de l’armée ont mis en garde les gouvernants et les élus sur les conséquences catastrophiques qu’aurait sur nos capacités, dans les années à venir, la poursuite des réductions budgétaires. D’ailleurs, la majorité des Français ne comprend pas et n’accepte plus, que même dans cette période de crise, la France sacrifie de façon irréversible un outil militaire d’une qualité opérationnelle enviée et d’une remarquable valeur morale, indispensable à sa sécurité. 
Ils demandent maintenant que soit arrêté le processus de dislocation de l’armée que ne manquerait pas de générer la mise en application de certaines préconisations du Livre Blanc.

La Défense est un atout de la France


L’armée est aujourd’hui l’une des rares institutions qui rehausse l’image de la France au plan international et contribue à maintenir sa cohésion.
Ne voit-on pas qu’en réduisant les crédits consacrés à la Défense, on affaiblit d’autant les capacités de recherche et développement indispensables à l’armée de demain ? Ignore-t-on que nos succès industriels d’aujourd’hui sont souvent le fruit des investissements d’hier dans la défense : missiles, armement nucléaire, équipements conventionnels, télécommunications,…
Qu’en sera-t-il demain si nous n’investissons plus assez, alors que la concurrence ne cesse de se renforcer, pour ces 4 000 entreprises de haute technologie dont l’essentiel des emplois est en France ?
Faut-il diminuer les effectifs militaires quand on sait que 1,9 million de Français de 15 à 29 ans ne vont plus à l’école, ne travaillent pas et ne sont pas en formation professionnelle, alors que les armées sont reconnues pour la qualité de la formation technique et civique qu’elles dispensent?

Cette réduction continue de format est accompagnée depuis quelques mois par une action visant à réduire, sans raison apparente, les responsabilités confiées aux militaires et la place de l’armée dans la Nation.
Au nom d’un prétendu « recentrage de l’armée sur son cœur de métier », expression vide de sens, nombre de responsabilités jusque- là assumées avec succès par des militaires leur échappent désormais. Pourtant, qui peut affirmer qu’un énarque ou un contrôleur des armées, sans expérience opérationnelle, est plus à même de diriger un organisme de la Défense tel que la direction des ressources humaines, l’établissement de communication et de productions audio-visuelles, ou le service historique, qu’un officier général qui a non seulement les compétences techniques nécessaires, mais également l’expérience du commandement des hommes, la connaissance du milieu et la compréhension des réalités du terrain?

Le 14 juillet 2013 marque le refus d’un nombre croissant de Français de voir leur armée réduite, fragmentée et marginalisée. 
Les soldats, tous grades confondus, peuvent témoigner de l’extrême difficulté qu’il y a à constituer des forces cohérentes, entraînées, bien soutenues et toujours disponibles. 
De plus, les réorganisations, les évolutions et les réductions en cours risquent d’éloigner les meilleurs éléments de l’institution militaire devenue alors une armée croupion. 

Mesdames et messieurs les parlementaires, prenez vos responsabilités ! Vous avez le pouvoir de stopper le déclin de notre armée lors du vote de la prochaine loi de programmation militaire. Vous connaissez la réalité et les risques.

L’ASAF se fera un devoir de faire connaître vos prises de position.